Troisième manip dans un des lieux les plus emblématique de Kerguelen, Manchot, où se situe la deuxième plus grande colonie de manchots royaux au monde, estimée à plus de 150'000 couples…

Les manchots royaux reproducteurs à cette période de l’année sont pour certains encore en train de couver leur oeuf mais pour la plupart sont sur poussin. Ils alternent la garde de ce dernier pour aller se nourrir et accumuler des réserves qui serviront à nourrir leur petit.

Ils partent ainsi en moyenne une quinzaine de jours se gorger de calamars et autres petits poissons avant de revenir tout dodu dans la colonie pendant que le deuxième parent jeun et nourrit le poussin. A leur retour ils vont grâce à leurs chants parvenir à retrouver leur moitié et après quelques minutes voir heures s’échanger la garde du petit et inverser leurs rôles.

Pour cette manip nous serons 4, Axel (BCR¹), Meryl et notre cheffe de manip Marion (toutes deux ornithologues).

Le but de cette manip est d’étudier les déplacements et le succès des sorties de manchots sur poussins lorsqu’ils partent se nourrir en mer. Pour se faire nous irons observer la colonie à la recherche de couples sur poussin et lorsque l’un des deux adultes partira de la colonie nous le capturerons, prendrons différentes mesures telles que la longueur de son bec, la taille de ses nageoires et son poids avant de déployer sur son dos un mini-appareil faisant GPS et capteur de plongée qui sera récupéré au retour de l’individu.

Les retours et départs des manchots pouvant se passer de l’aube au coucher du soleil, tel des manchots sur poussin nous passerons une grande partie de notre temps à attendre le retour de leurs conjoints.

Cette attente nous permettra de nous familiariser avec leurs chants: il est parfois possible de distinguer le chant des mâles et femelles, ces dernières ayant un chant plus aigu et plus saccadé que les mâles.

Afin de donner une idée, voici le chant d’un manchot mâle:

Et celui d’un manchot femelle:

Nous comprendrons aussi rapidement que si les manchots sur oeuf ou poussin semblent être aussi bien répartis c’est parce qu’ils se tiennent tous à distance d’ailes de leurs congénaires, et tout intrus recevra quelques coups d’aile ou de bec. Si cela semble être une réaction énergivore, elle participe sûrement aussi à repousser les prédateurs tel que les Skuas et Pétrels géants.

Nous aurons à notre disposition une cabane située à côté de la colonie qui nous servira pour nous reposer et manger le midi, car la cabane où nous logerons est à une petite demi-heure à pied. Cette cabane est nommée Guetteur car de longues heures à guetter seront nécessaires lorsqu’il faudra attendre les individus avec capteurs afin de les déséquiper.

Une autre mission de la manip sera pour moi de vérifier les installations et la qualité des batteries utilisées par le programme Antavia dont je parlais lors de mes formations. Le programme transponde chaque année des manchots avec des puces RFID en sous-cutané et lorsque ces derniers passent sur des antennes en rentrant ou quittant la colonie leur passage est sauvegardé. Il est alors entre autre possible de suivre le temps qu’ils passeront en mer et ainsi connaître leur succès reproducteur (les adultes ne passent pas la même période en mer si leur partenaire est sur oeuf, poussin ou aucun des deux)

En nous promenant autour de la colonie nous aurons quelques surprises. Tout d’abord la présence d’un éléphant de mer avec une balise des Popéleph sur la tête. Après identification du numéro de balise nous apprendrons qu’elle n’avait été posée que quelques semaines auparavant à moins de 3 kilomètres de là.

Et enfin la plus grosse surprise sera de croiser par hasard un manchot mélanique (inverse de l’albinisme) pas très loin de la cabane Guetteur.

Je finirai cet article en vous montrant la position d’un manchot qui dort.